Le journal quotidien - non hétérophobe - de
Silvano Mangana (nom de plume Louis Arjaillès). Maison de confiance depuis 2007.

"La gravité est le plaisir des sots"
(Alexandre Vialatte)


jeudi 31 janvier 2008

Les témoins





A l'aube des années 80, bien avant que le Marais ne devienne un "village gay", les homos parisiens dansent au "7" ou au "Colony" de la rue Sainte Anne, vont au "Gay Tea Dance" du "Palace" de Fabrice Emaer, lisent "Gay Pied", draguent aux Buttes Chaumont ou au "Troca", s'encanaillent au "Rocambole".
Il y a encore un "drugstore" à Saint Germain des Près, devant lequel tapinent des "minets" transis entre deux chocolats chauds au "Flore".
On sue au "Continental Opéra" et on va voir des films de cul au "Dragon" ou dans ce cinéma glauque de la rue Vivienne dont le nom m'échappe.
On a bien lu quelques articles sensationnels sur ce "cancer gay" qui vient d'éclore là bas, loin, en Amérique.
On ignore que, déjà, le mal a franchi l'Atlantique et que l'on va assister à une véritable hécatombe dans le "milieu".
Manu, le personnage central des "Témoins" d'André Téchiné (2007), garçon jeune à la candeur troublante, sera l'une des premières victimes du virus assassin.
Sans jamais tomber dans le pathos, Téchiné nous donne un film lumineux où le jeune Johan Libéreau nous incendie, entouré d'un Michel Blanc, d'un Sami Bouajila et d'une Emmanuelle Béart à leur meilleur.
A aucun moment le propos ne devient moralisateur : il réveille simplement le souvenir et nous rappelle indiciblement que le mal rôde toujours.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Beau film et beau post.
Vous rédigez très bien.
chris d'Aix en Provence.

Daniel a dit…

Chris , j'approuve , je vous l'avez dit aussi , non ?... Bref en tous cas très bon film en effet , je n'ai pas une très bonne mémoire mais je sais que son ami jouait dans drôle de Félix .